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Mon bout de pays

 

Le lac à Barbotte, le lac Nosbonsing, la Côte Croche, la Côte à Bélecque, la Côte du Magasin Perron, la Crique à Lévesque, le chemin des Groulx, le chemin des Guillemette, le chemin des Dégagnés, la Montagne des Cantin, la Track à Booth, l’École St-Thomas d’Aquin …et maintes autres.

Le village d'Astorville est situé sur les hautes terres à la tête du lac Nosbonsing, les eaux les plus au sud du système hydrographique de la rivière des Outaouais. Le village est apparu en grande partie dans le sillage de l'industrie du bois en expansion, laquelle a suivi cette voie d'eau intérieure, d'abord sur la rivière des Outaouais, puis le long de la rivière Mattawa, atteignant la région du lac Nosbonsing dans les années 1860. Les terres hautes (le partage des eaux) reposaient juste au-delà, entre le lac Nosbonsing et la baie Callander du lac Nipissing. Le fait que cette réalité géographique n'a pas signifié la fin de la pénétration des terres intérieures par la hache du bûcheron était en grande partie dû à l'énergie entrepreneuriale du magnat de l'industrie forestière, J. R. Booth.

 

En construisant son propre chemin de fer pour relier le lac Nipissing au lac Nosbonsing, il s'est donné accès au bois dans la zone du drainage du lac Nipissing, remorquant les billes de bois jusqu'à la baie Callander, puis les expédiant par chemin de fer à la tête du lac Nosbonsing, à la jetée Booth. De là, les billes étaient flottées jusqu'au pied du lac. Les travaux d'exploitation forestière de Booth ont été le pilier de l'économie locale jusqu'en 1913, mais après avoir épuisé ses limites de bois, il a quitté la région.

 

Les premiers bûcherons dans cette région étaient de passage et l'ont quittée sans laisser beaucoup de traces. Les premiers colons dont les familles sont venues les joindre y sont restés. Ces colonisateurs sont donc reconnus comme étant les fondateurs du village. Parmi ceux arrivés en 1883, il y avait Cléophas Robert originaire de la région de Charlevoix au Québec et Joseph Guillemette des Cantons de l'Est. D'autres familles, plusieurs de la région de St-Irénée et de Les Éboulements au Québec ont sitôt suivi pour former un petit village en 1885. En 1887 les colons à la tête du lac ont construit leur première chapelle. Très peu d'années plus tard, il y avait suffisamment d'enfants dans le village, alors les parents voulaient leur propre école. Separate School Section No 2 Ferris a été établie en 1892. En 1902, la région s'est mérité le statut de paroisse avec le père Antonin Astor comme premier curé. La paroisse de Saint-Thomas-d'Aquin, telle qu'on l'avait nommée, comprenait une partie du canton de Ferris et s'étendant aussi dans le canton voisin de Chisholm.

 

Avec le départ de J. R. Booth en 1913, seuls les colons qui étaient prêts à gagner une partie de leur vie comme agriculteurs y sont demeurés. La construction de routes offrait des emplois supplémentaires à certains. Pour la plupart des familles, la chasse et la pêche étaient d'autres sources d'alimentation. La croissance de North Bay a créé une demande pour les produits agricoles, laquelle a été comblée par les agriculteurs d'Astorville. En peu de temps, et surtout après la naissance des quintuplées Dionne en 1934 dans le village voisin de Corbeil, l'industrie touristique a stimulé l'économie locale et a donné naissance à d'autres sources de revenus, au fur et à mesure que les chalets et autres industries liées au tourisme se multipliaient. Au travers de la crise économique de la Grande Dépression, et pendant les bouleversements de la Seconde Guerre mondiale, le village d'Astorville et ceux des régions avoisinantes sont en grande partie demeurés des communautés rurales traditionnelles et canadiennes-françaises.

 

Après 1950, une électrification rurale et des routes améliorées ont beaucoup contribué à défaire la communauté d'Astorville de son statut de village isolé. Les enfants étaient transportés en autobus aux plus grandes écoles consolidées. Faire le trajet à North Bay pour se rendre au travail est devenu courant pour les enfants qui sont demeurés dans la région, mais un plus grand nombre d'entre eux l'ont quittée pour prendre des emplois ailleurs. La population est devenue plus variée au fur et à mesure que d'autres gens s'y sont installés. L'ancienne vie rurale de la communauté canadienne-française d'Astorville n'était plus une réalité, mais plutôt un souvenir!

 

Françoise Noël, Université Nipissing, avril 2010

Histoire

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